Wednesday, August 01, 2007

Le dernier droit

Après avoir quitté la Louisiane, traversé le Mississipi et la pointe de l’Alabama, nous arrivons dans un état américain que nous connaissons bien, la Floride. Cependant, cette partie de la "Sunshine State", mieux connu sous le nom de « panhandle», nous est parfaitement inconnue. Bref une première. Un arrêt au « Welcome center » s’impose donc. Evidemment, tout est d’une propreté irréprochable sur le site puisqu’il faut donner une image vraiment « politicly correct » de cet état du sud, immensément touristique. On nous annonce aussi son côté "Air Force".

L’accueil est très « friendly » comme il se doit dans un « Welcome center ». On nous annonce même qu’il est possible de passer la nuit dans le stationnement ce qui nous surprend mais fait vraiment notre affaire. On s’installe donc dans un des abris où l’on retrouve tout le nécessaire pour un bon souper. Mais surprise, un des rangers nous apostrophe parce qu’on utilise notre réchaud coleman. « Défendu » nous dit-il. Je le regarde un peu surpris puisque rien n’indique que nous ne pouvons utiliser de réchaud. « S’il n’y a pas de BBQ, cela veut dire que les réchauds sont interdits » rétorque notre ranger sur un ton sans équivoque. Évident, bien sûr…Et comme pour montrer qu’il est un gentil ranger, il nous mentionne que l’on peut, pour cette fois-ci, utiliser notre réchaud. Nous sommes certains que notre petit bonhomme (il mesurait environ 5 pieds 4 pouces) a eu une érection durant ce « power trip ». D’ailleurs il a immédiatement contacté Vovonne avec son cellulaire pour lui raconter le tout.

Après une bonne nuit de sommeil en toute sécurité, il va s’en dire, nous retournons prendre des renseignements au « Welcome center ». De nombreux « state park » se trouvent tout le long de la Gulf Coast et nous voulons vérifier s’il est nécessaire de faire des réservations. On nous répond qu’en cette période de l’année, les réservations ne sont pas nécessaires. Ah bon………….

Nous avions déjà choisi nos endroits de camping: d’abord Henderson Beach, près de la ville de Destin, et St-Joseph Peninsula, un peu plus au sud. On entrevoyait se la couler douce sur ses magnifiques plages de sable blanc. Bref, notre premier contact était super positif.

S'en suit un premier arrêt pour dîner dans les environs de Pensacola Beach, en face de ce miniscule ruban de sable blanc longeant la côte. Puis l'arrivée au parc Henderson Beach. Petite surprise : contrairement aux renseignements recueillis au « Welcome center », non seulement les réservations sont vraiment nécessaires en tout temps mais, de plus, le parc est plein. Bon…Voyant notre désarroi, la préposée téléphone au St-Andrews State Park, à environ une heure et demi de route au sud. Il y a de la place mais pour trois jours seulement. N'ayant pas vraiment le choix, on dit ok. Et nous voilà repartis.

Après quelques égarements, nous trouvons enfin le parc. La jeune fille qui nous accueille est vraiment gentille et nous trouve en plus un site pour les 6 prochains jours. Super. Elle nous mentionne aussi que le parc sera plus bruyant qu’à l’habitude puisqu’il y a un rally de motos (en fait, presque tous des Harley Davidson) cette semaine. On fera avec, se dit-on…

Le parc lui-même, situé complètement au bout d’une petite péninsule, est immense. Certains aménagements pour le camping sont situés directement sur la mer intérieure, dans une végétation typique du sud. Les deux plages du parc sont situées à environ un kilomètre de notre site et sont magnifiques avec leur sable blanc,
presque farineux, qui crisse sous nos pas. Bien sûr, le parc accueille différents animaux dont les incontournables alligators mais aussi une meute de chevreuils qui se promènent en toute liberté, sans oublier les nombreux oiseaux aquatiques. Nos promenades de santé sont vraiment remplies de surprises. Et nous sommes toujours heureux de retrouver notre petit coin de camping et nos amis.

Mais USA signifie aussi une certaine forme de mégalomania, voire de stupidité. Nous sommes au pays du « bigger is better » et pour certains, le « bigger » n’a pas de limites. Et ils appellent ça faire du camping...
Et au diable la consommation de pétrole.Plutôt désolant. Et ne cherchez pas de petits véhicules économiseurs d'essence. Ici, le "truck" est roi.
En terme de "Power trip", genre destruction massive et polluante, nous avons eu droit, gracieuseté des pompiers du parc, a un joyeux feu d'artifice. Sans consulter personne, pire encore, sans avertir personne, les autorités du parc décidèrent de mettre le feu à tout un boisé en pleine heure du dîner, a deux pas du camping. Conséquences: une fumée opaque a envahi le secteur au point où les pauvres résidents, la plupart en train de dîner, ont dû hâtivement quitter les lieux. On craignait un orage électrique qui aurait pu mettre le feu au boisé en question, nous a-t-on dit. Ca s'appelle combattre le feu par le feu, peut-être. Vous auriez dû voir la mine réjouie de ces imbéciles heureux de pompiers tout fiers de leurs oeuvres. On pourrait peut-être les qualifier de "Unlimited Stupid Asshole".

Les USA, c'est aussi le monde du tok. On fait des copies, pas toujours réussie, de tout ce que l'on peut imaginer, du Titanic au vaisseau de pirates. Ce qui surprend, c'est que les gens en redemandent. Chanceux ces amerloks que le ridicule ne tue pas, ce serait l'hécatombe.

Vivre un "Bike week" aux USA, c'est aussi cotoyer la demesure sous toutes ses formes et même sous toutes ses couleurs.Quant à la production de décibels, gracieuseté de ces joyeux engins, je ne peux que vous la mentionner, la technologie du blog ne peut malheureusement vous la transmettre. Comptez vous chanceux... Et pour certains, pour ne pas dire la plupart, on transporte les motos en camion ou en ......... et ce n'est qu'une fois rendu sur place que l'on les utilise. De vrais motocyclistes...

USA signifie aussi Harley Davidson. Et ce n'est pas toujours synonyme de beaucoup de "classe". Ils sont accueillants mais à certaines conditions et ils ont un certain sens de l'humour souvent au rang des paquerettes. Une question de goût, diraient certains. Quant à leur physique, on peut mentionner qu'ils en ont pour leur argent et que cela n'est pas sans conséquence sur l'environnement.

Et les "States" ne seraient pas les "States" sans la religion. Elle se conjuge à tous les temps et se goûte à toutes les sauces. Et les sources de financement de ces différentes églises semblent inépuisables. Bref, ce séjour à Panama City nous a remis en contact avec les États-Unis profonds, autant visuellement que auditivement.

Après ce séjour plutôt bruyant, nous étions mûrs pour une cure de silence en pleine nature. Après avoir traversé un pont long d'au moins 6 kms, roulé sur une petite route bordée de maisons toutes en hauteur durant un autre 7 kms, nous arrivons à l'entrée du parc,sur cette île d'une largeur d'à peine 900 mêtres. Et le camping se trouve 7 kms plus loin, tout au bout de l'île. On voulait la paix et le silence, et bien nous sommes servis. Nous y passerons 4 magnifiques journées et surtout nous y rencontrerons de charmants amis québécois avec lesquels nous partagerons ces derniers moments de repos avant le retour au Québec. Et c'est aussi à cet endroit que nous déciderons d'adopter "Germain" alias M. GPS, qui nous accompagnera jusqu'à la maison.

Saturday, May 05, 2007

La Louisiane



Quel bel accueil. Tout d’abord, une pancarte, en français SVP, qui nous souhaite la bienvenue. Ensuite, au « Louisianna Welcome Center » une gentille dame noire nous accueille, toujours en français, avec un délicieux accent cajun. Elle nous apprend qu’elle vient de Ville Platte (oui, oui, allez voir sur la carte, mais qui voudrait y demeurer) au nord de Lafayette. En demandant mon nom, elle me signale qu’il existe en Louisiane un musicien célèbre du nom de Beauchêne. « Nous sommes peut-être parent », lui dis-je. « J’ai des doutes » me répondit-elle, « il est noir ». Ouais...Effectivement, cela amène un doute certain, mais on se sait jamais. Bref, un beau moment.

Nous reprenons la route direction Abbeyville, une suggestion d’un américain rencontré au Mexique, pour y trouver soit disant un camping avec une propriétaire très accueillante, connaissant à fond le « cajun country ». Le tout s’avéra un flop monumental au point ou le Wall Mart local nous apparut plus convivial.

Le lendemain, nous prenons possession de notre site au Bayou Segnette State Park, un immense camping à environ 20 min du centre de la Nouvelle Orléans. Par contre, on constate que le parc a beaucoup souffert de Katrina. Des centaines d’arbres sont disparus, certains services comme la piscine et les bungalows ne sont pas encore disponibles. En fait, le parc vient à peine de réouvrir. On apprend aussi, heureux hasard, que le festival de Jazz de la Nouvelle Orléans aura lieu lors du prochain week-end.

Après quelques jours de repos consacré à de menus travaux d’usage, (la dernière semaine sur la route ayant été plutôt éprouvante) on part en moto direction « French Quarter ». On nous a tracé un itinéraire qui nous y amène via un traversier sur le Mississipi. Même si celui-ci n’accepte que les passagers, on nous aide même à monter la moto à bord. Plutôt sympa! Et on y fait la connaissance de Désirée (elle aussi en moto), citoyenne de la Nouvelle Orléans, qui nous propose de la suivre au Festival de Jazz,. Ok, vendu.

Nous suivons donc notre guide dans cette ville en pleine reconstruction où pullulent les pancartes « now open ». Le festival se déroule au New Orléans Fairground et déjà une foule immense envahit le secteur et les habitants du quartier ont déjà sorti leurs étals pour offrir différents produits typiques de la région. Cependant, une surprise nous attend : le prix d’entrée de 45$ us/personne et cela pour chacune des 3 journées du festival. On est loin de Montréal! On décide donc de profiter plutôt du quartier français. Retour donc à la case départ.

Juché plus haut que le niveau de la mer, le quartier français a été complètement épargné par les inondations provoquées par Katrina. D’inspiration espagnole, le quartier français de cette ville américaine (vous suivez toujours?) s’étend le long du Mississipi. On y retrouve une architecture très typique, des bars en quantité industrielle où l’on peut déguster des boissons spéciales et écouter le son du zydeco et bien sûr, toute une série de noms à consonnance française : Iberville, St-Louis, Toulouse, Orléans, Ursulines, Fortin et le plus connue, Bourbon. Évidemment la musique est omniprésente.

La ville n’a probablement pas retrouvé toute sa joie de vivre d’antan mais il est sûr que tout le monde y travaille. « Rebirth of New Orléans » peut-on voir un peu partout. Les musiciens de rue reviennent peu à peu, On se sent presque à la maison.

Au retour, en attendant le traversier, on a pu admirer un de ces fameux bateaux typiques du Mississipi. La semaine se termina par un beau matin brumeux qui donna au camping un petit air mystérieux.

À l’heure du départ, après avoir sillonné la Nouvelle Orléans du sud au nord, traversant au passage le Mississipi et le centre-ville, direction lac Pontchartrain, là où les digues ont cédé en ce triste jour d’août 2005, on a pu apercevoir les séquelles de Katrina. De chaque côté de l’autoroute 10, surélevée à cet endroit, on pouvait voir des quartiers ravagés, des maisons détruites, des toits envolés et ce, presque deux ans après le sinistre. Désolant! Après avoir traversé la frontière du Mississipi, on obliqua vers la côte pour voir l’état des lieux. En suivant la route 90, qui longe la côte, on a traversé les villes de Long Beach, Gulfport et Biloxi. D’un côté des plages magnifiques de sable blanc et de l’autre, une longue série de maisons et de commerces complètement détruits. On quitta la côte le cœur un peu serré direction la Floride.